Écrivain et médecin homéopathe, juif athéiste et humaniste convaincu, communiste croyant et fervent pacifiste luttant pour un monde plus juste, Friedrich Wolf doit quitter l’Allemagne à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il se réfugie d’abord en Suisse, puis en France et enfin en 1934, en URSS avec sa femme et ses deux fils.

Son fils Markus devient, après la seconde Guerre Mondiale, le célèbre maître-espion de la RDA qui provoquera la chute du chancelier Willy Brandt. En 1938, craignant d’être arrêté par les agents de Staline, Friedrich Wolf essaye de rejoindre les brigades internationales en Espagne, mais reste bloqué à Paris, puis à Sanary. Quand la guerre éclate, il est interné au camp de Vernet puis transféré aux Milles. En 1941, sur intervention de l’URSS, il est libéré et rejoint sa famille à Moscou.

Docteur en homéopathie Friedrich Wolf est l’un des premiers médecins à soigner grâce aux remèdes naturels. Il est également auteur dramatique de pièces de théâtre engagées. Il ne cache pas ses opinions politiques, c’est un communiste convaincu, « L’art est une arme » est sa maxime. En 1929 il proteste publiquement contre le §218 du code pénal qui criminalise l’avortement. Wolf un personnage fascinant, combatif, charismatique et sans doute un Don Juan. Après sa mort en 1953 il laisse sept enfants dont trois hors mariage.

Engagé comme médecin de troupes dans la Grande Guerre, il est confronté à la mort et la souffrance, faisant naître chez lui un profond engagement pacifiste. En 1931, il fait son premier voyage en Russie sur l’invitation du Service Santé de l’URSS pour un échange de compétences. Il participe aussi au congrès des écrivains de la Fédération russe. Avec l’arrivée de Hitler au pouvoir, Wolf, étant communiste et juif, doit quitter l’Allemagne. En passant par l’Autriche et la Suisse, il arrive à l’île de Bréhat en France, où il écrit son roman « Professor Mamlock » et d’autres. En 1934, il s’exile avec sa deuxième femme Else et ses fils Markus (futur chef-espion de la RDA) et Konrad (futur cinéaste renommé de la RDA) en Russie. Si mère et fils obtiennent rapidement la citoyenneté soviétique, le père devra attendre jusqu’en 1941 qu’elle lui soit accordée.

En 1938, sous la « Grande Terreur » dirigée par Staline, Wolf tente de rejoindre les Brigades internationales en Espagne pour se rendre utile en sa qualité de médecin. Cependant il reste bloqué à Paris puis à Sanary où il fréquente notamment Lion Feuchtwanger et Franz Werfel. Il s’installe dans un studio au-dessus du Café Schwob (actuel Café Le Nautique) et partage sa vie avec Ruth Herrmann une émigrante juive berlinoise qu’il a rencontrée lors de son 50ème anniversaire à Paris. Surnommé « le médecin-poète » par Alma Mahler-Werfel, il soigne les exilés gratuitement et organise sa journée rigoureusement autour de son écriture et ses activités physiques. Chaque jour, il se rend à la plage pour plonger avec élégance, puis disputer une partie d’échecs avec ses amis. Ensuite, il rentre chez lui pour poursuivre son écriture.

En 1939 et 1940, Friedrich Wolf est interné au camp du Vernet d’Ariège, l’un des pires en France. Pendant son deuxième internement, Ruth Herrmann donne naissance à leur fille le 13 mai 1940 à l’hôpital de La Seyne-sur-mer. A cette époque les autorités françaises sont très sévères dans la recherche de ressortissants allemands, contrôlant même les hôpitaux. Mais grâce à la solidarité du personnel médical, Ruth et l’enfant échappent à la déportation.

Fin 1940, Friedrich Wolf est transféré au camp des Milles à Aix-en-Provence, puis libéré temporairement afin de pouvoir organiser son départ vers un pays neutre. Depuis août 1940, un visa l’attend à l’Ambassade soviétique à Vichy, mais il ne peut le récupérer faute d’autorisations nécessaires pour se déplacer en zone libre. Il retrouve donc Ruth et leur petite Catherine à Sanary et ils fêtent Noël 1940 ensemble, mais dans la précarité. Quelques semaines plus tard, Ruth part avec leur fille et des amis à Cuba. Friedrich Wolf réussi à échapper aux nazis en mars 1941, sous une fausse identité avec un passeport soviétique et rejoint sa femme Else et leurs deux fils à Moscou.

En 1945, à la fin de la guerre, Friedrich Wolf retourne à Berlin où il participe à la création de la République Démocratique Allemande. Il est nommé chef de la mission diplomatique en Pologne où il devient en 1950 le premier ambassadeur de la RDA. Après dix-huit mois en poste, il demande son congédiement pour mieux pouvoir se consacrer à ses activités culturelles. Cependant il ne lui reste pas beaucoup de temps, son cœur ne résistant plus au surmenage, il meurt le 5 octobre 1953 d’une crise cardiaque dans son bureau en région Berlinoise.

La Médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-Mer propose un fonds regroupant des ouvrages sur le thème Mémoire d’exil à Sanary