Helen (1886-1982)
& Franz Hessel (1880-1941)
Francophile, ce romancier et traducteur juif, frappé par l’interdiction de publication en Allemagne à l’arrivée des nazis au pouvoir, ne quitte Berlin qu’en 1938 pour s’exiler à Paris. À l’approche de la Wehrmacht, il part avec sa femme Hélène, une peintre et journaliste allemande, et son fils Ulrich, à Sanary. Affaibli par deux internements dont le dernier en 1940 au camp des Milles, il meurt le 6 janvier 1941 à Sanary. « C’était un brave » disait-on lors de son enterrement au vieux cimetière de la ville. Son « ménage à trois » est immortalisé dans l’œuvre quasiment autobiographique Jules et Jim de son ami Henri-Pierre Roché et dans l’adaptation cinématographique du roman par François Truffaut.
Arrivé au printemps 1940 à Sanary avec sa femme Helen et son fils ainé Ulrich, Franz Hessel est parmi les derniers exilés venus au village.
Ce romancier et directeur littéraire de la grande maison d´édition allemande Rowohlt, vit entre Berlin et Paris depuis 1906. C’est à Montparnasse dans le café du Dôme que Franz rencontre en 1912 Helen Grund, benjamine de cinq enfants d’une famille berlinoise aisée. Ils se marient en 1913 et leur avenir semble prometteur : Franz a hérité d’une petite fortune leur permettant de vivre confortablement en poursuivant leurs ambitions artistiques. Mais la Première Guerre mondiale éclate et les Hessel bien que francophiles, deviennent des étrangers indésirables à Paris. Ils retournent à Berlin où ils aménagent dans un grand et bel appartement et possèdent en plus une maison de campagne au sud de Munich. Mais Franz est envoyé au front comme simple soldat, il revient à la fin de la guerre, marqué à vie par son vécu.
Le couple a maintenant deux fils Ulrich et Stéphane. Ils habitent dans leur maison de campagne et pour distraire Helen, Franz invite son vieil ami parisien Henri-Pierre Roché à les rejoindre. Cependant, il n’imagine pas l’histoire passionnelle qui va durer une quinzaine d’années entre sa femme et son meilleur ami. Plus tard, Pierre Roché immortalisera leur « ménage à trois » dans son roman Jules et Jim, qui inspire François Truffaut le film culte du même nom.
En 1925 Helen, divorcée de Franz en 1921 mais aussitôt remariée avec lui, s’installe avec ses fils à Paris où elle travaille comme journaliste de mode pour la Frankurter Zeitung. Mais elle subit des pressions dans sa profession à cause de son mari juif. Elle divorce à nouveau en 1936, pour assurer le revenu de la famille. Cependant, en 1938, elle est malgré tout licenciée. Depuis la promulgation des lois de Nuremberg en 1935, Franz, ne peut plus travailler en Allemagne et s’obstine à vouloir y rester, et se laisse finalement convaincre et rejoint Helen et Ulrich dans leur petit appartement à Paris. Pour la première fois, ils sont sans domestique et sans argent. Dès la déclaration de guerre, Franz et Ulrich, considérés comme ressortissants allemands indésirables, sont internés au camp temporaire du stade de Colombes. Si le père est rapidement libéré en raison de son âge, le fils reste encore enfermé pendant trois semaines.
Au printemps 1940, ils descendent à Sanary où Helen a passé l’été 1933 et a rencontré Aldous Huxley. Grâce à ce contact, ils peuvent s’installer d’abord dans la villa des Huxley partis aux Etats-Unis, puis ils trouvent refuge dans la Villa impasse Lou Cimaï où Franz se crée dans une petite tour carrée son propre univers pour y travailler. Ce sera son dernier lieu de travail et sa dernière demeure. En mai 1940, Franz et Ulrich sont envoyés au camp des Milles. Ils sont libérés en juillet, sans doute grâce à la persévérance d’Helen. Elle est convaincue que les prestigieuses études de leur fils Stéphane à l’École normale supérieure accordent à sa famille un statut particulier et revendique leur liberté. De cet internement, Franz Hessel sort très affaibli et ne s’en remettra jamais, il décède le 6 janvier 1941 à Sanary-sur-Mer.
Pour aller plus loin …
La Médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-Mer propose un fonds regroupant des ouvrages sur le thème Mémoire d’exil à Sanary