Sybille Von Schoenebeck-Bedford
(1911-2006)
Cosmopolite polyglotte, voyageuse, écrivaine et journaliste, Sybille von Schoenebeck, fille d’un Baron allemand et de sa seconde femme descendante d’une riche famille juive-allemande, vit de 1926 à 1940 à Sanary. Elle y rencontre Aldous Huxley, son écrivain idole, et sa femme Maria. Une amitié à vie voit le jour. Très proche des enfants de Thomas Mann, Klaus et Erika et d’autres émigrés, elle est le lien entre le cercle anglophone et germanophone de Sanary. Après le rejet de sa demande de naturalisation française, elle conclut, en 1935, un mariage blanc avec Walter Bedford et devient citoyenne britannique. Elle est devenue célèbre dans les années 50 par des ouvrages basés sur son vécu à Sanary.
Sybille grandit dans un petit village en Allemagne auprès de son père dans une certaine précarité. A la mort de ce dernier, elle rejoint sa mère et son nouveau mari, un jeune étudiant d’architecture, en Italie. De là, sa mère, issue d’une riche famille de négociants juifs-allemands, l’envoie en Angleterre pour un séjour scolaire. Das Fräulein von (la demoiselle de) mène la vie d’une nomade de luxe à travers l’Europe. Elle parle allemand, anglais, italien, français et ne fréquente les écoles que sporadiquement. Parfois elle suit un enseignement à domicile avec des professeurs particuliers, mais elle est plutôt autodidacte concernant son éducation scolaire.
En 1926, Sybille retrouve sa mère installée avec son mari à Sanary. Si au début, le village de pêcheur n’enchante pas spécialement Sybille, plus tard elle reconnaîtra qu’elle se sentait vraiment « chez elle » à Sanary où elle reste vivre quatorze ans. Sybille Bedford n’a que quinze ans lorsqu’elle arrive à Sanary. Elle rencontre rapidement les Huxley qui deviennent pour elle des parents adoptifs, car malgré ses racines allemandes, elle se sent plus proche du clan anglophone que des germanophones. Sybille participe volontiers à l’installation des nouveaux arrivants en les aidant à trouver un logement. Elle est également très proche de Klaus et Erika Mann rencontrés lors d’un voyage à New York, mais n’a pas d’affinité avec leur père Thomas, dont elle trouve le comportement inapproprié pour Sanary. En raison d’un article qu’elle publie dans la nouvelle revue antinazie Die Sammlung de Klaus Mann en 1933, les nazis bloquent ses comptes bancaires et son héritage en Allemagne.
Sybille est alors pratiquement sans ressources et survit grâce à l’aide de ses proches et notamment le soutien de son amie à Sanary Eva Herrmann. Son passeport allemand étant périmé et dans l’impossibilité d’obtenir son renouvellement, elle demande en 1934 la nationalité Française, mais sa requête est rejetée sans raison apparente. L’année suivante, par l’intermédiaire des Huxley, elle contracte un mariage blanc avec un officier britannique, Walter Bedford, et obtient ainsi le passeport britannique. Lorsqu´elle commence à écrire après la guerre, c’est en langue anglaise qu’elle publie ses livres.
En mai 1940, après l’invasion des nazis en France, Sybille quitte Sanary, village dont elle restera toujours nostalgique. Elle réussit à fuir l’Europe via l’Italie et l’Espagne pour les États Unis où elle rejoint d’abord les Huxley en Californie puis s’installe à New York. En 1947 Sybille retourne en Europe et commence à écrire. Elle publie son premier livre en 1953 et travaille aussi comme chroniqueuse judiciaire entre autres pour le magazine Life. Temporairement elle élit domicile en Italie, France, Angleterre et Portugal, mais s’installe à la fin des années 1980 en Angleterre où elle meurt le 17 février 2006.
Pour aller plus loin …
La Médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-Mer propose un fonds regroupant des ouvrages sur le thème Mémoire d’exil à Sanary