Depuis ses premières explorations sous la mer, l’Homme s’est obstiné à plonger toujours plus profond et pour des durées de plus en plus longues.

Le développement des scaphandres autonomes au 20ème siècle fait rapidement progresser la durée des plongées. Malheureusement, ces avancées technologiques ne permettaient pas à l’Homme de dépasser la limite des 60 mètres. Une contrainte physiologique le lui interdit : l’ivresse des profondeurs. Pour pallier à ce problème, une nouvelle étape est franchie par la respiration de mélanges gazeux spécifiques à base d’hélium, les maisons sous la mer, développées aux États-Unis, dans lesquels l’Homme peut vivre pendant plusieurs jours et la plongée en saturation dans un habitat hyperbare de surface.

Ces deux innovations permirent aux plongeurs d’atteindre des profondeurs en évitant les inconvénients tels que la température de l’eau et les différents paliers de décompression.

Le développement d’habitants hyperbares de surface est privilégié, notamment par la Compagnie Maritime d’Expertise (COMEX), crée en 1961 par Henri-Germain Delauze. Pour accéder à ces habitations, il réalise de tourelles de plongée.

Au moyen de caissons de saturation pressurisés, semblables à des ascenseurs, les plongeurs pouvaient descendre sur leur lieu de travail à la manière des mineurs de fond et remontaient dormir chaque soir sur le pont du navire sans être exposés aux pressions supérieures. Le durée d’une plongée en saturation ne pouvant dépasser les 30 jours, la durée de compression des plongeurs est réduite en comparaison de leur temps de décompression. Pour une plongée à 300 mètres, les plongeurs subissent une compression de 14h et une décompression totale de 10 jours.

Le record de plongée en saturation a été établi en 1988 à une profondeur de 534m par 4 plongeurs professionnels de la COMEX et 2 plongeurs de la Marine Nationale. Lors de ces longues plongées, des équipes de plongeurs travaillent en alternance dans l’habitat hyperbare. Leur vie est rythmée par les plongées : pendant que l’une remonte du chantier par la tourelle, l’autre se prépare à plonger tandis que la dernière tente de dormir. L’équipe au travail passe théoriquement 8 heures en intervention. Les missions sur le chantier sont principalement liées à l’extraction de pétrole sous-marin : connections de pipelines, réparation de tête de puits, maintenance de jacket, contrôle des soudures, carottage de terrain… A l’extérieur des caissons, sur le bateau, une équipe veille à la sécurité des plongeurs.

Le chef de caisson est responsable de l’habitat et de ses occupants : il veille à l’approvisionnement des mélanges respiratoires, de la nourriture, des médicaments ou de la récupération des déchets. Le chef de plongée quant à lui dicte aux plongeurs les gestes à effectuer sur le lieu d’intervention jusqu’à la remontée en surface. Pendant l’intervention sous-marine, l’un des plongeurs est désigné chef de tourelle et assurait la sécurité de ses coéquipiers. Aujourd’hui, les interventions de l’Homme sont de plus en plus rares et sont remplacées par des robots.

La tourelle de plongée face à vous a été offerte par la société COMEX au musée Frédéric Dumas et à la Ville de Sanary. Mise en service en 1974, elle pouvait atteindre jusqu’à 450 mètres de profondeur. Son hublot de grand diamètre permettait l’observation des fonds marins, ses bras de manipulation et ses moteurs d’orientation rendant son infrastructure très lourde, la tourelle pouvait ainsi atteindre plus aisément les profondeurs de la mer.