Parmi les personnalités qui ont marqué l’histoire de Sanary, l’abbé Galli occupe une place importante. Sa figure bienveillante, généreuse, son dynamisme et son dévouement ont marqué et marquent encore la mémoire de nombreux Sanaryens. Le Théâtre Galli, qui porte son nom, nous invite à ne pas oublier son action en faveur de la jeunesse.

L’entreprise d’un seul homme : l’abbé Galli

Georges Galli (1902-1982) est une ancienne célébrité du cinéma muet, connu pour son rôle remarqué dans L’Homme à l’Hispano (1926) qui fit de lui « le Rudolf Valentino français ». Son parcours d’autant plus étonnant que Georges Galli se destinait en premier lieu à la profession d’avocat mais fut entraîné, par le plus grand des hasards, dans une carrière cinématographique.

Pourtant à l’âge de 27 ans, il décide, dans le plus grand secret, de rentrer au séminaire. Renonçant à faire carrière dans le « Septième art », Galli, animé d’une véritable foi, il choisit une autre route et après avoir servi dans le Haut-Var puis à Toulon, succède aux Chanoines Arnaldi et Cathala à Sanary avant de devenir titulaire de la paroisse en 1950. Au cœur de la Ville, il s’est employé à aider et à soutenir les jeunes Sanaryens. Lui vint alors l’idée de fonder un lieu qui leur serait entièrement consacré.

Un lieu entièrement dédié à la Jeunesse

En 1949, l’abbé Galli obtient du Maire, la location d’un terrain communal pour y bâtir un bâtiment regroupant les œuvres paroissiales, le scoutisme et la jeunesse sportive de Sanary. L’abbé Galli souhaite attirer le plus grand nombre de jeunes personnes afin de les intéresser et de les initier à la culture. Pour construire sa « Cité de la Jeunesse », dans un ensemble de plus de 3000m², le chanoine Galli commence par acquérir des terrains qu’il finance de sa fortune personnelle et celle de l’une de ses tantes paternelles. Il sollicite son entourage et va jusqu’à planter un poteau sur le terrain avec comme inscription « Ici sera construit la Cité de la Jeunesse » tout en attendant patiemment les généreux donateurs. Sa détermination suscite l’intérêt et il réussit finalement à obtenir un financement de l’Etat.

Sept années sont nécessaires à la concrétisation du projet. La première pierre est posée le 8 mai 1957 par Monseigneur Gaudel. Les travaux sont confiés à l’architecte Claude Linossier (1928-2016). Le bâtiment prend directement son inspiration des temples grecs avec son péristyle à colonnes et son toit en terrasse. La pierre de Rognes est choisie, pour son éclat et sa qualité, mais aussi pour sa référence aux ouvrages colossaux du monde antique. Le 28 juin 1959, le Secrétaire à la Jeunesse et au Sport de l’époque, Maurice Herzog inaugure officiellement la première « Cité de la Jeunesse » construite en France. L’événement est couvert par la presse parisienne, régionale et étrangère.

Dans les années 1960, la Cité de la Jeunesse accueille jusqu’à 2000 spectateurs venus assister à des rencontres sportives, des pièces de théâtre et des projections cinématographiques. L’abbé Galli permit notamment l’expansion du Club de Basket de Sanary en faisant bénéficier ces membres des infrastructures de la Cité. Dans ce grand espace sont principalement aménagés : un terrain de basketball couvert, une salle de sport de 900m², une piste de jeux, une scène de 11m50, un foyer de lecture, un dispensaire médical… De nombreuses manifestations laïques et religieuses s’y tenaient et le sport y avait tout sa place. La Cité de la Jeunesse accueillit également des tournois d’escrime, des ballets, des conférences, des expositions et de grandes célébrations religieuses.

Une Cité devenue Théâtre

En 1970, le diocèse de Fréjus-Toulon décide la mise en retraite de l’abbé Galli. Les charges d’entretien et de rénovation de la Cité s’accroissant, l’abbé Galli décide d’en faire don à la Ville de Sanary afin qu’elle demeure vivante et active auprès des habitants. Lors du don, acté en conseil municipal le 21 juillet 1977, le chanoine Galli continue de jouir des lieux afin d’y célébrer le culte le dimanche ou lors de grandes fêtes. Le reste du temps, la Cité de la Jeunesse est mise à disposition de la commune.

Au début des années 1980, sous le mandat du maire Jean Brunel, la Cité de la Jeunesse fait l’objet de nombreuses transformations sous le joug de M. GUIEU, architecte à Toulon. Le foyer est aménagé́, des fauteuils de velours rouge remplacent les gradins et permettent de proposer une jauge de 1000 places face à une nouvelle scène d’environ 8 mètres. Au cours de ces deux années de travaux, une régie performante est aménagée ainsi que des loges. Malheureusement, le chanoine Galli ne put profiter de ces travaux : il s’éteint le 3 juillet 1982 à l’Hôpital de la Conception à Marseille. Quelques jours plus tard, ses obsèques sont célébrées dans la Cité de la Jeunesse alors rebaptisée par le Conseil Municipal « Théâtre Galli ».